Fig. est un festival de graphisme ayant lieu à Liège. Il propose un programme composé de conférences, d’expositions, de workshops et de tables rondes, s’adressant à un large public qui pourra y découvrir les multiples facettes du design graphique contemporain.
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Les systèmes d’écritures sont les témoins des événements et renversements géopolitiques dans l’Histoire. Dans un même temps, ils sont le terrain d’enjeux culturels et sociétaux.
En tant que dessinatrice de caractère je me suis intéressée à la problématique de dessiner une police pour un système d’écriture épris de problématiques sociétales dues au colonialisme.
Comment les problématiques culturelles et identitaires au sein d’une population influencent-elles la genèse d’un système d’écriture? Comment, à son tour, le design typographique et la représentation dans les outils numériques influencent-ils la visibilité de ces identités et cultures?
C’est sur le cas du système d’écriture créole Afáka que j’ai effectué un travail typographique visant à mettre en lumière les différents enjeux, depuis sa création du système d’écriture jusqu’à son design et son entrée prochaine dans l’Unicode. J’ai tenté par là un travail de valorisation d’une culture invisibilisée à travers la proposition d’une famille de police de caractère.
Bien qu’il soit originaire du Suriname, l’Afáka est représentatif de notre héritage sociétal des enjeux du colonialisme dans la culture graphique et linguistique africaine. Dans cet article je détaillerai quels liens généalogiques ce syllabaire d’écriture marron entretien avec les systèmes d’écritures du continent Africain, et quels enjeux cela entraîne pour son développement dans les outils numériques. Dans un premier temps nous ferons connaissance avec ces systèmes d’écritures africains, nous aborderons ensuite le cas de l’Afáka
C’est à l’Atelier National de Recherche Typographique, que je me suis intéressée aux systèmes d’écriture africains et créole et leur lien entre eux.
Ce projet a été soutenu entre 2018 et 2020 au sein du programme Missing Scripts, créé par Johannes Bergerhausen et Jérôme Knebusch, fondateurs du projet The World’s Writing Systems et Decode Unicode, et a été principalement encadré par la professeure et typographe Émilie Rigaud. Le programme est mené en collaboration avec The Script Encoding Initiative, représentée par la Dr. Deborah Anderson, qui fait également partie du consortium Unicode.
Les données de cette étude s’appuient principalement sur celles du projet The World’s Writing Systems et celles délivrées par le consortium Unicode. Cependant, des systèmes d’écritures possédant moins d’informations comme celles mentionnées dans les écrits de Saki Mafundikwa ont été intégrées à ces analyses afin d’établir un point de vue plus complet du sujet.
On peut séparer l’Histoire des systèmes d’écritures africains en deux périodes. La première, la plus longue, s’étend de -XIIIe au IVes. On peut la considérer comme les premiers temps de l’Écriture. Cette période compte majoritairement des systèmes d’écritures hiéroglyphiques. Dans un second temps, à partir de 1830 jusqu’à nos jours, 36 systèmes d’écritures seront créés. Ces deux périodes sont donc séparées par seize siècles avec aucun nouveau système d’écriture recensé à ce jour. Cette résurgence en 1830 correspond à un période de « décolonisation » et d’un protectorat des États occidentaux sur les pays du continent africain. Comme en réaction aux événements politiques et sociétaux, ce contexte amène une recherche d’identité culturelle et graphique à travers l’écriture. Il est à noter que chaque période de création de systèmes d’écriture correspond à l’importation de systèmes d’écriture par des populations extérieures, pour des relations commerciales mais également des systèmes de domination. L’arrivée du latin précède de peu la seconde vague de création de systèmes d’écritures.
La création ou l’importation d’un système d’écriture est souvent accompagnée d’un contexte socio-historique. On note alors deux démarches de créations différentes :
La première est une influence externe : à l’initiative de missionnaires qui utilisèrent des symboles locaux, comme pour l’alphabet Nigérian, le Medefaidrin. La seconde est à l’initiative des natifs, en réaction à une culture dominante et le besoin de valoriser sa propre identité culturelle et graphique : C’est le cas du Bamoun, un syllabaire camerounais. De même que les contextes sociétaux et politiques influent sur la création d’un système d’écriture, ils ont des conséquences sur l’altération de ces savoirs.Bien qu’interdit en 1936, le Medefaidrin, qui reprend des symboles ancestraux, survécut, mais finit par se dissoudre durant les guerres civiles. Le Bamoun a été inventé par le roi Njoya à la fin du XIXe s, mais le régime colonial en a détruit jusqu’aux presses qui en imprimaient les ouvrages. Ces systèmes d’écriture sont déclinés voire disparus pour être remplacés par l’alphabet latin.
D’après les données à disposition, ce sont les pays du golfe de Guinée qui recensent le plus d’activités au niveau des systèmes d’écriture. La plupart date de la seconde vague de création.
Par ailleurs, nous verrons que celles-ci sont d’ailleurs trés liées généalogiquement.
D’après les sources à dispositions, l’Afáka est particulièrement lié aux systèmes d’écriture du golfe de l’Ouest de l’Afrique. L’hypothèse serait que les symboles auraient été exportés avec les esclaves jusqu’en Amérique du Sud, conservés par leur descendants au sein des sociétés marronnes, et finalement ré-utilisés au sein d’un système d’écriture.
Le peuple Ndjuka est une population installée le long du fleuve Maroni. Il fait partie des peuples dits Marrons, les esclaves fugitifs ayant résisté à la domination occidentale et à la colonisation. Cette société métissée se compose en majorité d’esclaves africains déportés et d’un pourcentage plus faible de natifs américains. Ensemble, ils construisent de nouvelles sociétés alternatives sur la base de la rencontre entre leurs différentes cultures et connaissances respectives.
Jean-Yves Parris, dans son livre Interroger les morts, a produit une analyse du deuil chez les Ndjukas. Il y souligne la problématique de la perpétuation des traditions. Il s’interroge sur la place que notre société contemporaine donne aujourd’hui à la société Ndjuka. Il démontre alors que toute réflexion sur l’évolution culturelle n’est pas anodine et renvoie systématiquement à une question identitaire.
Dans cette veine, nous pouvons nous interroger sur ce que la création du syllabaire Afáka puis son développement dans les outils numériques entraînent pour le futur de la culture Ndjuka.
Le syllabaire a été créé autour de 1800. D’après la légende, son créateur, Afáka Atumisi aurait vu en songe un esprit qui lui aurait ordonné de créer une écriture pour son peuple. Ce n’est qu’en 1810, lors du passage de la comète de Halley, que Afáka Atumisi interpréta cela comme un signe pour diffuser le syllabaire.
De nombreux protagonistes se rencontrent autour de la genèse du système d’écriture. Tout d’abord Afáka Atumisi, et les premiers initiés, à qui il enseignera le système d’écriture. Ensuite, ce sont les missionnaires et scientifiques occidentaux qui entament des démarches d’ initiations auprès des usagers Ndjukas afin de faciliter leur christianisation. L’Afáka devient alors un terrain d’ enjeux culturels qui se heurtent à la tradition marrone de la population. En créant un langage écrit et en le diffusant (non-seulement à des Ndjuka mais aussi à des occidentaux ) Afáka Atumisi va à l’encontre d’une hiérarchie établie au sein de la population. Le système d’écriture sera par la suite interdit par les autorités Ndjukas, et son développement restera très localisé.
Depuis 1810, la transmission du système d’écriture est assurée par les Edebukumans (littéralement, Head Book Man, L’Homme à la tête de l’écriture), qui se transmettent la responsabilité du devenir de l’écriture. Le premier était Afáka Atumisi, et aujourd’hui, l’actuel Edebukuman le spécialiste André Pakosie.
Aujourd’hui parmi les documents traitant du syllabaire on compte essentiellement des éditions présentant et traduisant des archives, afin de relater l’Histoire de la population, ses mœurs et ses traditions. Mais on trouve également des livres de grammaire pour apprendre à utiliser et lire le système d’écriture. Enfin, nous devons mentionner le travail d’artistes tel que Marcel Pinas qui réutilisent le patrimoine Ndjuka, dont le syllabaire dans leurs œuvres.
Le syllabaire compte à ce jour peu d’usagers : à peine 5% des locuteurs du Ndjuka écrivent avec le syllabaire d’ Afáka Atumisi. Il est tout de même à noter, selon les observations de A.Pakosie, une recrudescence de l’intérêt de la jeune génération pour l’Afáka. Je mentionnerai pour ma part le travail de recherche du typographe Agyei Archer qui s’interrogeait sur la création de diacritiques.
L’Afáka est un syllabaire comprenant 36 glyphes. Parmi elles, on compte six nouveaux glyphes créés par André Pakosie adaptés à la langue contemporaine des Ndjukas. Deux d’entre elles sont des ponctuations (Point et Point d’interrogation). Enfin le syllabaire possède un idéogramme qui représente la comète de Halley.
La destination de cette future police a été définie en vue de la nature des documents qui nous sont parvenus. Comme mentionnés auparavant, les manuscrits rédigés avec de l’Afáka sont aujourd’hui mis en page avec des textes expliquant leur contextes historiques, proposant des traductions, ou encore dans des livres d’apprentissage de la lecture. À partir de là, le but était de produire un caractère qui promulguerai et valoriserai la culture Ndjuka à travers ce type de publication.
Le caractère a donc été dessiné à partir de deux étapes : Tout d’abord chaque glyphe a été répertorié dans ses diverses apparitions, afin de déterminer ses formes les plus courantes, et la place que celles-ci tiennent au sein d’un texte dans l’édition annexe Afáka, the Ndjuka Writing System. Ce document les datait, les classait par type, indiquait les différents auteurs et référençait l’occurence de leur apparition et leur comportement dans un texte. Ensuite, en respectant la tradition Ndjuka en se référant régulièrement au spécialiste désigné de l’écriture, l’Edebukuman André Pakosie.
D’après les sources que l’on dispose aujourd’hui, la police de caractère pour le syllabaire Afáka est dessinée pour côtoyer l’alphabet latin, à la manière dont le Ndjuka cohabite avec des langues occidentales.
On distingue cependant deux contextes : Dans un premier temps, des textes en latin parlant du système d’écriture Afáka. Ils en montrent chaque forme, plutôt isolée. Dans un second temps, des paragraphes Ndjuka rédigés en Afáka suivies de différentes traductions, avec le système d’écriture latin. Deux graisses seront proposés pour ces deux types de contextes
Selon l’Annexe qui répertoriaient les différents formes pour chaque syllabe, certains caractères écrits à la main proposent des variations. On peut en rapporter en 4 natures :
Les syllabes [KO] Q et [GO] S remettaient d’autant plus en question les hauteurs, la répartition des ascendantes et descendantes de la fonte, car elles prêtent aisément à confusion entre elles.
Certains caractères présentaient des orientations différentes : horizontales, verticales, en miroir... Cela répond à la manière dont l’auteur va spontanément exécuter la forme.
On peut observer chez le [DO] des degrés différents de rotondité.
La gestuelle de l’auteur influence le dessin du glyphe dans sa fluidité et sa (non-)cursivité.
Des terminaisons en boucles pouvaient devenir des ronds comme sur la syllabe [ WE/WI ].
Chaque caractère comportait des niveaux différents de géométrisation ou d’essentialisation de son dessin selon l’interprétation qu’en avait l’auteur.
Les caractères suivants prêtaient facilement à interprêtation. La syllabe BO était, selon certains auteurs familiers au latin très ressemblante à un dessin de plume, tandis que la syllabe A était souvent dessinée comme un a bas-de-casse scripte.
Ces exemples de glyphes presque figuratifs ou très ressemblants à des lettres ou chiffres utilisés en Europe posaient la question d’une possible sur-interprétation de la forme.
Pour une syllabe, les formes de glyphes sont souvent disparates d’une source à l’autre. De plus, certaines syllabes prêtaient facilement à confusion. Dans ces cas ambigus, se rabattre sur d’ autres formes aurait permis une identification plus fluide. Cependant cette option aurait sûrement conduit à des absurdités, en mélangeant des variations de différentes périodes. En effet sont-elles aussi lisibles pour des usagers aujourd’hui qu’elles l’étaient en 1910 ? Ce dilemme est étroitement lié à une deuxième difficulté : celui du choix des sources. Il ne s’est pas seulement agi de choisir une source et d’en faire une traduction vectorielle. Il fallait également sélectionner les documents les plus cohérents avec mon propos. C’est à partir de ce travail éditorial de l’annexe Afáka, the Ndjuka Writing System que sont esquissés les premiers dessins du système d’écriture. Mais ce sont bien les commentaires de A. Pakosie qui m’ont fait trancher sur les formes à choisir.
À l’issue des recherches, deux graisses ont été proposées. Elles sont adaptées à deux types d’utilisation : Tandis qu’une première version Demi est adaptée au premier cas, pour une mise en valeur des caractères Afáka isolés à l’intérieur d’un texte latin, des caractères Regular proposent de s’adapter à l’usage d’un texte de traduction, qui compte des paragraphes entiers rédigés en Ndjuka.
Deux sets stylistiques typographiques pour chacune des deux graisses sont proposés au terme de cette recherche. La première contient les formes les plus horizontales, la seconde, les verticales. Ainsi, l’utilisateur peut choisir entre deux ensembles, ou individuellement, caractère par caractère, selon son usage des fontes.
Le syllabaire Ndjuka d’Afáka Atumisi devrait intégrer prochainement l’Unicode. Il est encore trop tôt pour prédire alors, la suite de son évolution.
Mon intention derrière ce projet typographique est de proposer un design suffisant à assez d’usages et de contextes pour qu’une valorisation de la culture Ndjka soit possible. Ce projet est une proposition parmis de nombreuses autres. Mon interêt est le rôle des système d’écriture comme affirmation d’une culture.
Writing systems are witnesses to geopolitical events and reversals in history. At the same time, they are the terrain of cultural and societal issues.
As a type designer and researcher, I have been interested in the problem of designing a font for a writing system imbued by societal problems caused by colonialism.
How do cultural and identity issues of a population influence the genesis of a writing system? How do typographic design and representation in digital tools influence the visibility of these identities and cultures?
I choose to carried out a typographic work on the case of the Afáka, a Creole writing system. This syllabary get a strong african legacy. The goal was to highlight the different issues at stake, from the creation of the writing system to its design and its future entry into Unicode. In this way, I attempted to find a way to valorized an invisible culture through the proposal of a font family.
The Afáka writing system is originally from Suriname, but is although representative of our societal heritage of the challenges of colonialism in African graphic and linguistic culture. In this article, we will see the genealogical links between this marroon syllabary and the writing systems of the African continent. Then, we will study the consequences for its development in digital tools. First, we will get acquainted with these African writing systems, to discuss the case of Afaka.
It was at the Atelier National de Recherche Typographique, that I began to investigate African and Creole writing systems and the link between them.
This project was supported between 2018 and 2020 within the Missing Scripts Program, created by Johannes Bergerhausen and Jérôme Knebusch, founders of The World’s Writing Systems and Decode Unicode project. This was mainly supervised by the professor and type designer Émilie Rigaud. The program is conducted in collaboration with The Script Encoding Initiative, represented by Dr. Deborah Anderson, who is also part of the Unicode consortium.
The data are mainly based on those of The World’s Writing Systems project and the ones delivered by the Unicode consortium, in 2018. However, some writing systems informations are not part of these data, such as those mentioned in Saki Mafundikwa’s writings. They were included in these analyses in order to establish a more complete view of the subject.
The history of writing systems from the African continent can be divided into two periods. The first, the longest, extends from the -13th to the 4th centuries. It can be considered as the earliest times of Writing Systems. In this period there are mainly hieroglyphic writing systems. The second period is briefer but got the most of the african writing system : From 1830 to the present day, 36 writing systems were created. These two periods are separated by sixteen centuries with no new writing systems recorded. This resurgence in 1830 corresponds to a period of «decolonisation» and a protectorate of Western states over the countries of the African continent. As a reaction to political and societal events, this context led to a search for cultural and graphic identity through writing. It should be noted that each period of creation of writing systems corresponds to the importation of writing systems by external populations, for commercial relations but also for relations of domination. The arrival of Latin comes just before the second wave of creation.
Creating or importing a writing system is often accompanied by a socio-historical context. Two different creative approaches can then be noted. The first is an external influence : on the initiative of missionaries who used local symbols, as in the case of the Nigerian alphabet, the Medefaidrin. The second is at the initiative of the natives, in reaction to a dominant culture and the need to value one’s own cultural and graphic identity : This is the case of the Bamoun syllabary, from Cameroon. In the same way that societal and political contexts influence the creation of a writing system, they also have consequences on the alteration of this knowledge. Although banned in 1936, the Medefaidrin, which takes up ancestral symbols, survived, but has been dissolved during the civil wars. The Bamoun was invented by King Njoya at the end of the 19th century, but the colonial regime destroyed even the presses that printed its works. These writing systems were declined or even disappeared, to be replaced by the Latin alphabet.
According to the available data, the Gulf of Guinea is the area with the most activity in terms of writing systems. Most of them date from the second wave of creation.
Moreover, we will see that they are very genealogically linked.
According to available sources, Afáka is particularly linked to the writing systems of the West African Gulf. The hypothesis is that the symbols were exported with the slaves to South America, then, preserved by their descendants in Maroon societies, and finally reused within a writing system.
The Ndjuka people are a population based along the Maroni River. They are part of the so-called Maroon people, fugitive slaves who resisted from domination and colonisation. This mixed society is made up mainly of deported African slaves and a smaller percentage of native Americans.They build alternative societies on the basis of the encounter between their different cultures and knowledge.
Jean-Yves Parris, in his book Interroger les morts, proposed an analysis of mourning among the Ndjukas. In it, he underlines the problem of the perpetuation of traditions. He wonders about the place that our contemporary society gives to the Ndjuka today. He then demonstrates that any reflection on cultural evolution is not insignificant and systematically refers to an identity question.
In the same demarch, we can ask ourselves what the creation of the Afáka syllabary and its development in digital tools, will bring for the Ndjukas culture.
The syllabary was created around 1800. According to legends, its creator, Afáka Atumisi, saw a spirit in a dream. It ordered him to create a new script for his people. It ’s only in 1810, when Halley’s Comet passed through the sky, that Afáka Atumisi took it as a sign to spread the syllabary.
Many protagonists meet around the genesis of the writing system. The first one is Afáka Atumisi, and then, his first disciples, to whom he taught the writing system. Then, it was the european missionaries and scientists who began research with the Ndjukas in order to facilitate their christianisation. The Afáka writing system then becomes a field of cultural issues that clash with the Maroon tradition of the population. By creating a written language and spreading it Afáka Atumisi goes against the established hierarchy within the population. The writing system was later forbidden by the Ndjukas authorities, and its development remained very localised.
Since 1810, the transmission of the writing system has been carried out by the Edebukumans (literally, Head Book Man), who pass on to each other the responsibility for the future of writing. The first one was Afáka Atumisi, and today, the actual Edebukuman is the specialist André Pakosie.
Today, the documents reporting on the syllabary are mainly presenting and translating archives. They relate the History, the customs and the traditions of the Ndjukas population.
But we can also found grammar books which teach how to use and read the writing system. Finally, we must mention the work of artists such as Marcel Pinas who use the Ndjuka heritage, including the syllabary in their works.
The syllabary has now very few users : barely 5% of Ndjuka speakers write with the Afáka Atumisi syllabary. Nevertheless, according to A. Pakosie’s observations, there is a growing of the interest in Afáka among the young generation. For my part, I would like to mention the research work of the typographer Agyei Archer, who wondered about the creation of diacritics.
The Afáka is a syllabary composed of 36 glyphs. Among them, six new glyphs has been created by André Pakosie in order to be adapted to the Ndjukas’ contemporary language. Two of them are punctuation marks (Period and Question Mark). Finally, the syllabary has an ideogram glyph representing Halley’s comet.
The destination of this future font has been definedaccording to nature of the sources that have come down to us. As mentioned before, the manuscripts written in Afáka are nowadays laid out with texts explaining their historical contexts, offering translations, or in books teaching reading. From this point on, the aim was to produce a typeface that would promulgate and promote Ndjuka culture through this type of publication.
The typeface was therefore designed with two steps : Firstly, each glyph was catalogued in its various appearances, in order to determine its most common forms, and the place they hold within a text in the companion edition Afáka, the Ndjuka Writing System.This document dated them, classified them by type, indicated the different authors and referenced the occurrence of their appearance and their behaviour in a text. Secondly, by respecting the Ndjuka tradition and regularly referring to the specialistof the syllabary, the Edebukuman André Pakosie.
According to the sources available today, the font of the Afáka syllabary is designed to co-exist with the Latin alphabet, in the same way that Ndjuka co-exists with Western languages.
However, two contexts can be distinguished : In the first instance, texts in Latin speak of the Afáka writing system. They show each form of it in rather isolated form. Secondly, Ndjuka paragraphs written in Afáka followed by different translations, with the Latin writing system. Two grease are proposed two be adapted to this different contexts.
According to the Appendix, which listed the different forms for each syllable, some handwritten characters offer variations. These can be reported in 4 types :
The syllables [KO] Q and [GO] S questioned even more the heights, the distribution of ascending and descending of the melt, because they are easily confused with each other.
Some of the characters had different orientations : horizontal, vertical, mirrored... This follows the way the author will execute the form.
Different degrees of roundness can be observed in some glyphs like this [DO] syllable.
The author’s gestures influence the drawing of the glyph in its fluidity and (non-)cursiveness.
As in the syllable [ WE/WI ], looped endings could become circles.
According to the author’s interpretation, each typeface had different levels of geometrisation or essentialisation of its design.
-Interpretation :
This characters were easily interpretable. The BO syllable was very similar to a pencil drawing, while the A syllable was often drawn as a scripted lowercase.
These examples of glyphs that are almost figurative or very similar to letters or numbers used in Europe et interrogate a possible over-interpretation of form.
For one syllable, the forms of glyphs are often dissimilar from one source to another. Moreover, some syllables were easily confusing. In these ambiguous cases, to fall back on other forms would maybe allowed a more fluid identification. However, this option would surely have led to absurdities, by mixing variations from different periods. Indeed, are they as legible to users today as they were in 1910? This dilemma is closely linked to a second difficulty : the choice of sources. It was not just a matter of choosing a source and translating it into a vectorial translation. It was also a question of selecting the documents that were most consistent with what I was trying to achieve.It was from the editorial work of the Afáka, the Ndjuka Writing System annex that the first drawings of the writing system were sketched out. And these are indeed A. Pakosie’s comments made me decide on the forms to choose.
At the end of the research, two grease have been proposed. These are adapted to two type of used : A Demi version is adapted to the first case, for a highlighting of the isolated Afáka characters within a Latin text, and Regular characters propose to adapt to the use of a translation text, which includes whole paragraphs written in Ndjuka.
Two typographic style sets for each of the two weights have been proposed. The first contains the most horizontal forms, the second contains the vertical ones. Thus, the user can choose between two sets, or individually, character by character, depending on his use of the fonts.
The Ndjuka syllabary of Afáka Atumisi is planned to integrate Unicode in the near future. It is still too early to predict its further evolution.
My intention behind this typographic project is to propose a design with enough uses and contexts for a valorisation of the Ndjka culture to be possible. This project is a proposal among many others. My interest is the role of writing systems as an affirmation of a culture.
Jean-Yves Parris, 2007
« Usages de l’histoire des Premiers Temps chez les Marrons ndyuka »
Sous la direction d’ Isabelle Léglise, Bettina Migge,
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Jean-Yves Parris,2011
« Interroger les morts, Essai sur la dynamique politique
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Isabelle Léglise, Bettina Migge
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IRD Éditions, Institut de Recherche pour le Développement, Collection Actiques, Paris, 2003
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« Language and History in Africa »
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(held at the Scool of Oriental and African Studies, 1967-69), éd. by David Dalby
Michael Everson, 2012,
« Revised proposal for encoding the Afáka script in the SMP of the UCS »
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Compte-rendu de recherche 2016 / 2018 « À quoi doit ressembler un Alef ? »
Atelier National de Recherche Typographique, 2016 / 2018
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Compte-rendu de recherche 2016 / 2018 « Affiche, Nsibidi et Elymaic »
Atelier National de Recherche Typographique, 2017 / 2019
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« Histoire du graphisme avant la modernité en trois temps et cinq mouvements
– Premier temps. Avant l’écriture – Premier mouvement. Muthôs »,
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Éditions Franciscopolis, Les Presses du Réel, Le Havre, 2018
Pierre Fournier, 2015,
Compte-rendu de recherche 2015 « Les signes sur le mur »
Atelier National de Recherche Typographique, 2015
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