Fig. est un festival de graphisme ayant lieu à Liège. Il propose un programme composé de conférences, d’expositions, de workshops et de tables rondes, s’adressant à un large public qui pourra y découvrir les multiples facettes du design graphique contemporain.
DATAVISUALISATION
Présentations & Talks & Discussions
Expositions
Workshops
Extras
ÉDITION
Radim Peško
Studio Studio
My name is Wendy
common-interest
Clara Lobregat Balaguer
Château Fort Fort
Discussion As, Not For — Jean-Sylvain Tshilumba Mukendi & Loraine Furter
Design graphique pour designers graphiques ? — Château Fort Fort, Le Signe
Jérémy Landes
GR200
Atelier Brenda
Léonore Conte
Cyril Makhoul
Tania Prill
Outils libres — Sarah Garcin
Graphisme et féminisme — Axelle Minne, Roxanne Maillet, Hélène Mourrier, Marine Poyard
Hélène Mourrier
Speculoos
ORtype
Hey
Building Paris
Studio Meta
Studio Spass
Roxanne Maillet
Sara de Bondt
MÉDIATHÈQUE
FILTRER PAR TYPE
Rachel Thonart Nardellotto |
Le graphisme pourrait être - très simplement - un rapport aux choses.
Poser un regard conscient de la force des symboles, des textes, des couleurs, conscient de la composition et, a fortiori, des images, sur tout être ou toute chose. Un prisme qui nous accompagne, dans toutes les composantes de nos vies et qui permet de traverser les apparences.
Le graphisme pourrait être une force critique.
Comprendre comment d’autres communiquent vers nous et donc cerner ce qu’il·elle·s veulent nous communiquer, entre les lignes. Chaque image et chaque forme sont choisies et déterminantes. Chacune d’elles adresse un message, témoigne d’une prise de position. Se nourrir d’images et de formes, en cherchant à en déceler le sens, donc prendre conscience de leur pouvoir incalculable. Tenter de déconstruire ces codes pour pouvoir, à son tour, communiquer (ou aider à communiquer) en conscience.
Le graphisme pourrait être politique.
Travailler avec des images et des formes signifie prendre position. « Quels visuels ai-je envie de créer, dans quel cadre, pour qui et pour dire quoi ? ». Parfois, refuser de travailler sur certains projets pour ne pas aider à communiquer des choses auxquelles l’on ne croit pas. Surtout, choisir de mettre son énergie au profit d’initiatives qui nous paraissent justes. Bien sûr, admettre que ce en quoi l’on croit évolue avec nous et avec nos expériences.
Le graphisme pourrait être un service.
Chacun·e a sa propre perception du monde et ses propres valeurs, mais tout le monde n’a pas la possibilité de les faire exister visuellement. Tenter, avec sensibilité et humilité, de capter la vision et les intentions de quelqu’un·e et pouvoir les mettre en forme.
Le graphisme pourrait être lié à l’hypersensibilité.
Là où on pourrait ne voir qu’une simple forme : percevoir la force ou la patience. Un trait : la volonté. Une courbe : l’harmonie. Tenter de rendre nos existences plus poétiques, par moments, et avoir la possibilité de transmettre cette poésie à notre tour.
Le graphisme pourrait être un début de liberté.
Rendre possible, pour certain·e·s, le fait de se créer une profession qui leur correspond, de mieux en mieux, au fil de leur évolution. L’occasion de se frayer un chemin « à son image », au cours duquel tout est teinté de « graphisme » : de la communication graphique, de l’écriture graphique, de la céramique graphique, de la mode graphique, du textile graphique, des manifestations graphiques ou même des balades dans les bois graphiques. S’offrir le privilège d’une vie qui, autant que possible, nous appartienne et dont la forme évolue avec nous.
La seule chose dont je sois convaincue est que : quelle que soit la forme que prendra le monde, le graphisme y aura toujours une place.
Il y aura toujours quelqu’un·e qui aura quelque chose à exprimer et qui aura besoin de ce regard critique, conscient, politique et poétique pour le mettre en forme.
L’autre seule chose dont je suis convaincue est que, si l’on décide que toutes ces choses sont du graphisme, je suis bel et bien graphiste. Et heureuse de l’être.
ōnō studio |
Quelle formation as tu suivi ? Comment tu es arrivée au design graphique ?
J’ai d’abord étudié les arts appliqués à Mons à la Haute école Louvain en Hainaut. J’ai ensuite suivi un cursus en développement front-end au centre decompétence de l’aérople de Gosselies. Au final, si je suis arrivé à la communication graphique, c’est en réaction à la publicité ultraconsumériste, celle que j’avais appris sur les bancs de l’école en cours de communication. J’étais pourtant convaincu qu’on pouvait communiquer pour «changer le monde», mais je ne savais pas encore comment. J’ai d’ailleurs débuté ma carrière dans une agence événementielle, j’ai beaucoup appris au sein des équipes à produire vite et bien. Cette expérience a également confirmé le fait que j’avais besoin de travailler de façon engagée pour des clients engagés; durable pour l’humain ou pour la planète.
Dans quel domaine du design graphique es-tu plus à l’aise et pourquoi ?
Je ne sais pas exactement ce qu’on entend par «domaine», selon mon expérience, le design graphique est une pratique qui m’intéresse si elle est exercée de façon globale et permet à la marque de parler (de bien parler) d’elle. Je ne vais donc par émettre de choix de coeur entre mise en page, webdesign, ou motion design par exemple.
Pour quelle secteur préfère-tu travailler ? As-tu un axe de recherche / de travail privilégié ?
Je pense que la motivation première est de relever un défi. Ceci passe par l’étude et l’apprentissage de ce qui constitue l’histoire du client, le dialogue entre lui & moi afin répondre par des solutions graphiques à une problèmatique donnée. Aussi, comme je le citais plus en avant, j’essaye de travailler avec des entreprises qui tendent à faire valoir des valeurs, je pense peut-être naïvement, que la communication peut changer le regard que nous portons sur ce que nous consommons et donc redonner confiance aux gens au travers des produits ou services qu’ils utilisent. Quelque part, c’est être acteur pour la nouvelle société en marche. Comment tu organises ton temps entre recherches et commandes ? La recherche fait partie intégrante de la commande, l’une ne va pas sans l’autre.
Quelle est ta méthodologie de travail ?
Il y’a toujours une phase d’écoute, on établit le dialogue avec le client, c’est la partie « psychologique » car il s’agit de déceler au travers d’un dialogue les problèmes et émettre des hypothèses de solution; mais aussi analyser l’état d’esprit général et le champ des possibles en terme de réalisation. Est-ce que la demande est juste et adaptée comparativement au souhait de base ? Sinon que proposer pour atteindre cet objectif ? La question qui domine: comment être et rester juste ? Ensuite il y’a l’atelier moodboard; chaque membre qui constitue l’entreprise est libre de donner son avis, d’interagir en réaction aux visuels proposés; après cela on atteind la partie purement créative, la recherche graphique, durant cette étape différentes pistes de réflexion seront proposées et le client choisira celle qui répond le plus à ses beoin et à ses affinités. Pour finir, une fois la piste stabilisée, on arrive à la livraison des supports qui ont fait l’objet du devis initial.
Quel projet déjà réalisé est le plus représentatif de ta pratique et pourquoi ?
Je citerais EPHREM, une manufacture de fours à bois ancrée dans la vallée de Durance (Sud de France). Ils réalisent leurs fours sur base d’une terre volcanique locale: la pouzzolane, un matériau naturellement réfractaire. Virginie et Sylvain ont racheté l’ancienne manufacture et son entrain de moderniser l’outil toute en préservant le savoir faire et la technique ancienne. Il fallait que la nouvelle identité visuelle s’inscrive dans la modernité tout en conservant une rugosité, un aspect brut; trace immuable et authentique du passé. Pour se faire le jeu typographique, la plalette couleur le lettrage, tout comme le stamp qui composent le logo ont été travaillé de façon a rappeler cette ambivalence. Le nouveau site internet et les brochures qui accompagne les différentes gammes de fours sont encore en cours de finalisation.
Si tu devais faire un pont avec une autre pratique artistique, laquelle serait- elle et pourquoi ?
L’écriture, car je vis la pratique du graphisme et chaque nouveau projet comme si j’ouvrais à chaque reprise un nouveau livre et me plongeais dedans. à chaque fois une nouvelle intrigue, une nouvelle découverte, une nouvelle issue, une nouvelle façon de faire, une nouvelle équipe. Le livre est une sommes caractère et de fontes; ma partique du graphisme est elle aussi nourrie de caractères et typographies. Qu’est ce qui nourrit / inspire ton travail / ta pratique ? Dans l’absolu, il n’y aucune règle fixe, je suis constamment en veille de ce qui se passe dans le monde du graphisme mais pas que; la recherche pour moi peut passer par un fait de société, tout comme découvrir durant une randonnée la carcasse d’un vieux tracteur bariolé de plein de typographies d’époque, ou encore la visite d’une expo, la lecture d’un bouquin. C’est un mode de vie en fait qui oscille entre imaginaire, curiosité et applications concrètes.
Tu as fait une formation davantage liée au web au début de ton cursus, comme les outils numériques évoluent très rapidement, quels sont les moyens que tu utilises pour parfaire et poursuivre ton apprentissage ?
Je pense que le seul moyen de pas perdre les pédales dans le monde-du-web-ultra-rapide, c'est de pratiquer quotidiennement, un peu comme pour la course à pied, se donner des challenges pour ne pas stagner uniquement dans son domaine de confort, tester de nouveaux langages, de nouvelles techniques se frotter à l'inconnu, rencontrer d'autres professionnels, participer à des hackathons etc. En ce qui concerne le webdesign, l'ergonomie évolue aussi continuellement, et comme on le fait tous en veille graphique; C'est important de garder un oeil sur ce qui se passe sur internet en matière de web.
Tu parles à plusieurs reprises de la notion d’engagements, de valeurs. Comment intègre-tu cette partie dans tes projets aujourd’hui ? Et comment le partages-tu avec tes commanditaires ?
Ca démarre toujours par un libre échange, un peu comme on pourrait l'avoir entre deux amis autour d'une tasse de café. Il y'a une grande partie du métier (et même de la vie) au final qui fonctionne à l'intinct, à la sensibilité, on sent si ça va le faire ou pas. Je n'ai pas vraiment de charte, d'outil ou de jauge qui me permettent de répondre de façon tout à fait construite et systématique à cette question. Je trouve que dans nos vies on analyse tout, tout le temps, on est toujours dans le contrôle. De mon coté, Dans mon métier, j’aime alors garder un part de liberté. Et donc pour en revenir à ces engagements et ces valeurs, ils émanent naturellement dans la discussion; au même titre que ceux du commanditaires. On voit si c'est un mix-match-gagnant, si nos visions coïncident, si on a quelque chose à vivre ensemble. Dans le processus de travail en tant que tel, j'essaye qu'il soit le plus collaboratif possible au sein des équipes. C'est à ce moment là que l'humain se révèle.
Tu partages souvent dans tes mots la notion de typographie. Est ce que c’est une pratique qui t’intéresse et si oui qu’est ce qui t’anime là dedans? Aimerais tu dessiner des caractères ?
La typographie c'est très important, je dirais même que ça rythme ma partique du graphisme. On dit souvent, "montre moi ton écriture et je te dirai qui tu es" propos issus de la graphologie qui pour moi se rapproche très fort de l'usage d'une fonte pour une marque. Si une écriture franche, ample et excentrique peut révéler le caractère nerveux et audacieux de son propriétaire, il en va de même pour une marque qui choisit d'arborer telle ou telle typographie. J'ai créé une typographie NOOA, il y'a plusieurs années, j'y ai pris beaucoup de plaisir à l'époque. Aujourd'hui, il y'a plein de nouveaux outils que j'aimerais essayer comme Glyph par exemple qui offre une certaine facilité dans l’exercice notamment pour la création de fontes variables; Toutefois pour bien faire, il faut se donner le temps et c'est un métier à part entière. Métier avec lequel je renouerai peut-être un jour.
Tu parles du projet EPHREM basé en France. Dans quel rayon géographique se retrouve les porteurs de projets que tu accompagnes ? Qu’elle est ta méthodologie pour parvenir à rencontrer de nouveaux clients ?
J'accompagne des entreprises géolocalisées un peu partout dans le monde au final. Surtout en Belgique, en France et à New-York. Ca c'est naturellement fait et je pense que la plateforme Behance sur laquelle je suis présent et pas mal visité joue un rôle dans ce maillage.